Au Comœdia, à Brest, douze femmes en colère

Au Comœdia, à Brest, douze femmes en colère

L’Espace d’art Le Comœdia, à Brest, a choisi, pour sa nouvelle exposition-vente, d’offrir ses cimaises uniquement à des femmes. Parce qu’en matière artistique aussi, l’égalité des genres reste à conquérir.

C’est une première : pour l’exposition-vente « Feminae », elles sont douze artistes à investir le superbe décor du Comœdia pour quatre mois. Sur le papier, pas grand-chose ne semble lier, par exemple, les Tisseuses de liens ­ –membres d’un jeune collectif qui magnifie d’anciens napperons – à des artistes engagées et reconnues internationalement, telles ORLAN ou Miss Tic. Un choix assumé par l’équipe du Comoedia, qui souhaite défendre « la diversité des femmes artistes, de leurs oeuvres et leurs techniques ».

La discrimination de genre a la peau dure

« Cette exposition est forcément engagée », sourit Adeline De Monpezat, responsable de la programmation, « car elle vient rappeler que la condition de femme, pour une artiste, est un facteur discriminant. » Les chiffres ne diront pas le contraire. En Bretagne, si 66% des étudiants en Beaux-arts sont des femmes, les artistes déclarés en tant que tels restent majoritairement des hommes (52%). Surtout, seules 33% des artistes féminines sont exposées, et leurs revenus artistiques sont deux fois inférieurs à ceux des hommes…

Un paysage confirmé par la sculptrice céramiste Florence Lemiegre, l’une des douze artistes exposées ici : « Etre femme artiste, ce n’est pas simple. D’ailleurs, dit-on homme artiste ? Ca résume tout. Les choses bougent, certes, mais à dose homéopathique. Ne serait-ce que dans les institutions, les jurys : il n’y a quasiment que des hommes ! ».

Même constat pour la peintre Nansky. « Un exemple : un homme m’a dit être surpris devant un de mes tableaux, qu’il était venu voir à reculons, sur l’insistance de sa femme. En fait, il ne voulait pas venir, simplement parce que je suis une femme. On a toujours l’image de femmes qui peignent simplement pour occuper leur temps libre ! » regrette-t-elle.

Pour effacer ces préjugés d’un autre temps, une visite du Comoedia vaudra tous les discours.

Retrouvez cet article en intégralité sur le site du journal Le Télégramme

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