La vitalité de l'art africain s'invite au Comœdia

La vitalité de l’art africain s’invite au Comœdia

Totalement inconnu du grand public autant que des amateurs, l’art africain contemporain, tout comme la musique, regorge pourtant de créateurs. Loin des arts premiers, de ses statuettes et masques, l’exposition de la galerie Le Comœdia à Brest (Finistère), invite au voyage et à l’exploration de cette production contemporaine, aussi exubérante qu’engagée.

Cent quarante œuvres offrent des regards croisés sur les créations de vingt-trois artistes venant du Bénin, Burkina Faso, Cameroun, République Démocratique du Congo, Côte d’Ivoire, Ghana, Sénégal. Et France.

Un art pour le peuple

Un rendez-vous intitulé Visions d’Afrique qui rassemble notamment des artistes issus du mouvement de la peinture populaire, à l’instar de Pierre Bodo. Longtemps considéré par les peintres officiels de la République Démocratique du Congo comme un artisan, son travail depuis les années 70 fait œuvre populaire dans le sens où il cherche ) toucher et à faire réagir le peuple, décrivant des scènes de la vie quotidienne, ouvrant son atelier aux commentaires des passants. Sur l’une de ses toiles présentées au Comœdia, figure un groupe de quatre personnes et leurs relations à l’univers numérique. Un questionnement qui reste universel.

Un message d’espoir

Autre figure de proue de cette exposition, le peintre Chéri Chérin, également issu de l’art populaire de la RDC qui se décrit comme « Créateur hors (série) expressionniste remarquable inégalable » ! Là aussi, des couleurs brutes, parfois satinées, donnant forme à des thèmes vastes tels que l’environnement, la transmission, la politique mondiale… Une critique poignante, jamais vulgaire car pour cet homme de 65 ans, l’artiste n’a d’autre but que de « transmettre un message d’espoir, d’amour et de joie ».

Bien au-delà de l’Afrique

Autre jalon de cette exposition, également mondialement connu, le Ghanéen Almighty God dont la puissance picturale lui a valu d’être exposé à New York et d’entrer au musée du quai Branly à Paris. Six de ses toiles, particulièrement vigoureuses, sont présentées au Comœdia.

Naturaliste, urbaine, quotidienne, mythologique, sociétale…, cette vision d’Afrique bretonne fait aussi la part belle à la pauvreté de moyens utilisés, à une perspective politique et sociétale de la place de l’homme et de la femme dans le monde actuel. Interrogeant bien sûr l’Afrique, mais aussi au-delà.

Sont également présentés des peintures, sculptures, collages, photographies… de M’Pambu Bodo Bodo (Bodo Fils), Francklin MBungu, Kouka Nradi, 13Bis, Fred Ebami, Soly Cissé, Eulogé Glélé, William Adgété Wilson, Bienvenu Nanga, Abou Traoré, Shula Mosengo, Goipal Dagnogo, Les lie Amine (la seule femme). Ainsi que les œuvres, liées à l’Afrique des français Thomas Godin, Marc Piano, Loïc Madec, Vincent de Monoezat, Jean-Yves André, Jean-Bernard Susperregui, Benjamin Deroche.

Début mars, Le Comœdia devrait également proposer une performance urbaine de trois de ces artistes (probablement Francklin MBungu, Bodo Fils qui est aussi musicien et Shula Mosengo).

Vendredi 15 janvier 2021, de 14H à 18H : signature par Kouka Ntadi de son ouvrage Bantu, Le Livre. Visites guidées de l’exposition tous les samedis à 9 h 30 et 11 h galerie fermée, sur réservation, tarif 10 €. Une visite commentée en breton sera planifiée pour la première fois, 10 €. Conférences avec des experts de l’art contemporain, 20 €.

Retrouvez cet article en intégralité sur le site du journal Ouest-France

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