L'apocalypse joyeuse de Stéphanie Kilgast

L’apocalypse joyeuse de Stéphanie Kilgast

En associant dans une composition vibrante objets manufacturés et « organismes vivants », Stéphanie Kilgast célèbre la nature tout en pointant le déséquilibre engendré par l’homme.

Par Gabrielle Gauthier

Dans les œuvres de cette artiste architecte deformation, un véritable engagement pour sauvegarder la planète et ses merveilles. Née en Allemagne d’une mère française et d’un père finlandais, Stéphanie Kilgast, qui vit et travaille en Bretagne, peint mais surtout sculpte un monde où la nature, résiliente, a retrouvé toute sa place, se fondant avec grâce et aux objets manufacturés par l’homme, ceux-là même qui contribuent activement à sa destruction. Dans son univers dépourvu d’humanité mais marqué par la consommation effrénée humaine, faune et flore revivent, se rencontrent, s’épanouissent dans un tourbillon de couleurs.

« J’espère que mon travail ouvre la discussion, la réflexion et finalement le changement ».

Une ode à la nature

Sur des objets trouvés, des déchets…, l’artiste recrée un microcosme imaginaire, faisant naître une biodiversité unique. « Mon travail, une apocalypse joyeuse, porte sur le malheur imminent qui plane au-dessus de nos têtes : le changement climatique, la crise énergétique, la pollution et toutes les choses que les humains font pour détruire la Terre avec précision. Mais en même temps, la nature est résiliente et repousse, plus belle que jamais », écrit-elle. Boîtes de conserve, bouteilles en plastique, canettes, pots, tubes de peinture… deviennent ainsi les supports d’une vie végétale luxuriante, celle d’un parterre de champignons, d’un massif de fleurs, d’un tapis de coraux, d’un amas de mousses luxuriantes… où se nichent parfois une faune à protéger. Modelés avec soin dans une attitude expressive, papillons, oiseaux, singe, pieuvre, ours, insectes… s’épanouissent enfin dans un environnement joyeux et coloré, né sous la main de l’artiste.

« Un désespoir teinté d’espoir »

Cette représentation de la nature qui sort « l’humain de l’équation » nous rappelle son extrême fragilité. Pour renforcer son propos, Stéphanie Kilgast use de couleurs vives, celles que l’on retrouvent dans la nature mais pas représentatives des éléments représentés. À l’opposé du sujet traité, attristant mais essentiel, ces nuances joyeuses apportent un semblant d’espoir, forçant – peut-être – le spectateur à devenir acteur d’un changement radical… et salvateur pour la faune, la flore… et l’humanité

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